Il s’agit d’un rendez-vous incontournable pour tous les amateurs de nautisme. Découvrir les nouveautés, s’évader, rêver, préparer sa prochaine escapade au bord de l’eau… Le salon nautique, c’est la rencontre entre les acteurs du secteur et un public de passionnés. Depuis 1926, le salon, qui a su s’adapter à son temps, illustre l’incroyable développement de la filière.
En 1926, les Parisiens se pressent Quai Albert 1er, au pied de la Tour Eiffel et au Grand Palais. Il s’agit du premier salon nautique organisé dans la capitale. Il est initié par un industriel français, Lucien Rosengart, fondateur d’une marque automobile et inventeur touche-à-tout. Il est à l’origine des essuie-glaces, de l’éclairage de vélo et du premier moteur hors-bord. Passionné de mécanique, il crée cet événement alors que les bateaux à moteur, qu’on appelait les « canots automobiles » sont alors beaucoup plus prisés que les bateaux à voile. Il y a des essais de record de vitesse sur la Seine, des activités émergentes dont le « surf riding » (l’ancêtre du ski nautique).



À la Défense, une nouvelle dimension
L’événement iconique naît ainsi sur les bords de Seine et trouve chaque année son rythme de croisière. À titre d’exemple, en 1961, près de 300 000 personnes s’y rendent, la première quinzaine d’octobre. Parmi les visiteurs, plusieurs présidents (Paul Doumer, Raymond Poincaré) mais aussi des personnalités étrangères à l’instar du roi d’Espagne Alfonso XII. Malgré sa popularité, le salon est contesté par certains constructeurs et plaisanciers, remontés contre l’organisation. Ils lancent un nouveau syndicat – le Syndicat national des constructeurs et négociants en matériel de navigation de plaisance – et une de leur décision majeure est de lancer un nouveau salon. La première édition se tient en janvier 1962 dans le bâtiment le plus moderne de Paris, le CNIT*, l’immense voute en béton armé qui forme le premier édifice du quartier de la défense.
Sur 23 000 m2, 300 bateaux sont exposés dont la moitié en plastique qui est de plus en plus prisée par les fabricants. Trois ans après la première édition au CNIT, un cliché entre dans l’histoire : la poignée de main entre le Général de Gaulle et Éric Tabarly, fraichement vainqueur de la Transat anglaise. En 1984, François Mitterrand visite les lieux alors que le catamaran et la planche à voile font de plus en plus d’adeptes. À l’époque, les chantiers français sont leaders mondiaux, à l’image des résultats de deux de ses fleurons, Bénéteau et Jeanneau. En 1987, 92 bateaux à moteurs inédits sont ainsi présentés ! Les visiteurs peuvent aussi profiter d’expérience inédite : cette même année, grâce à une liaison établie avec la Guadeloupe, ils peuvent assister au mondial du funboard. Dans un article du Monde, on peut également lire : « et comme toujours, les visiteurs se déchausseront pour pénétrer dans ces mosquées de la mer, les grands voiliers dont les mâts grattent la voute du CNIT », conclut l’article.
À la Porte de Versailles, toujours plus grand
Un an plus tard, direction la porte de Versailles au plus grand bonheur des professionnels. En effet, ils disposent désormais de 30 000 m2 de plus, illustration d’un secteur qui n’en finit plus de prospérer. La grand-messe parisienne accueille chaque année plus de monde, jusqu’à plus de 300 000 visiteurs par édition. Surtout, le fait d’avoir lieu à la fin de l’année profite à tous : les constructeurs signent des ventes initiées en saison et peuvent lancer les chantiers dans la foulée, les acteurs du secteur se projettent sur l’année suivante, les curieux envisagent leur prochain été. Chaque année, le salon est un incroyable défi logistique avec l’arrivée par convois exceptionnels de centaines de bateaux qui traversent la capitale de nuit avant d’être installés dans les halls.
En course au large, le Salon est également l’occasion de saluer les lauréats sportifs des transatlantiques disputées à l’automne et de révéler les parcours et les enjeux des événements à venir. Le salon permet également de s’initier à la pratique de certains sports nautiques que ce soit dans les piscines installées à cet effet ou sur la Seine. En 2010 a en effet lieu la première édition du Nautic Paddle. Progressivement, cette course devient la plus grande à l’échelle mondiale. Ainsi, ils étaient 1000 participants, à longer la Seine au cœur de l’hiver en 2021.
Ensuite, la propagation du Covid-19 a poussé les organisateurs à annuler l’édition 2023 alors que celle de 2024, envisagée à l’automne, n’a également pas eu lieu. Désormais, une nouvelle ère s’ouvre au Bourget avec le Paris Nautic Show. Le salon se tiendra fin novembre et réunira tous les secteurs de la plaisance. Jean-Paul Chapeleau, son président, évoque un événement qui se construit « avec et pour la filière avec la volonté de lui permettre de grandir, d’innover et de rayonner ». Une façon aussi de prolonger l’incroyable histoire d’un rendez-vous si cher à tous les amateurs de nautisme.